Le financement participatif en France: ce qui va changer

Elles s’appellent SIBA (Société d’Investissement de Business Angels) et elles ont pris un nouveau départ. Une loi votée par l’Assemblée nationale et le Sénat fin décembre, les rend désormais plus aptes à se rapprocher du modèle du financement participatif.

C’est une bonne nouvelle pour les start-up et PME souhaitant développer un projet, qui pourront désormais accueillir plus de sociétaires, chacun ayant désormais la possibilité d’apporter un capital plus important. À un tel point que de plus en plus de sociétés de taille importante et de fonds relativement bien dotés utilisent le crowdfunding pour réaliser leurs projets. Malgré les inquiétudes de certains, les plates-formes basées sur le don et l’entraide sont toujours favorites dans le cœur des donateurs.

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Investir dans des entreprises et défiscaliser grâce aux SIBA


Depuis le 1er janvier de l’année dernière, le nombre d’actionnaires au sein d’une Société d’Investissement de Business Angel ne se limite plus à 50. Cette restriction obligeait les chefs d’entreprise à réunir un petit groupe d’investisseurs, ce qui les empêchait d’avoir recours au financement participatif à proprement parler.

Et puisque le principe même de l’appel à l’épargne des foules est de permettre à un maximum d’individus de pouvoir apporter leur soutien financier, le financement professionnel hors banque avait été diminué par 3 entre 2009 et 2013. Mais surtout on peut désormais se lancer tout seul, car l’obligation d’embaucher 2 salariés au cours de la première année de création de la SIBA a été levée.

Les gagnants

Certaines plates-formes comme Wiseed se frottent les mains, elles peuvent désormais créer des structures d’investisseurs bénéficiant d’avantages fiscaux. Les membres des SIBA bénéficient de remises d’impôts sur le revenu et sur l’ISF. Les sommes investies peuvent permettre de diminuer l’Impôt Solidarité Fortune jusqu’à 50 %, et l’IR jusqu’à 18 %.

Il ne reste plus aux animateurs de la plate-forme de financement qu’à créer une holding spécialement dédiée au projet en question, et pouvant réunir plusieurs milliers d’individus. Un ticket d’entrée minimum est déterminé, chacun pouvant investir davantage. Cette version améliorée d’une place boursière attire de plus en plus de grandes entreprises, qui n’hésitent pas à communiquer au niveau national.

Lever jusqu’à 500 000 € dans la biotechnologie et s’afficher dans les médias


lever de l'argentIl n’y a pas que les porteurs de petits projets qui se tournent vers le financement participatif. Récemment une PME dijonnaise, NVH, n’a pas hésité à commander une parution dans Le Figaro, pour tenter de lever 420 000 €.

L’article mentionne d’ailleurs que la société entend ainsi préparer son entrée en bourse en 2018, nous sommes donc dans une véritable stratégie jadis dédiée aux marchés financiers, et désormais utilisée via la plate-forme Happy Capital.

Pendant ce temps sur Wiseed, c’est la société Écrin Thérapeutique qui recherche 500 000 € pour développer « un médicament innovant pour le traitement du cancer ».

Sur Anaxago on affiche avec fierté le financement réussi de Payplug, système d’encaissement en ligne ayant levé 915 750 €. On est donc loin du petit artisan qui n’arrive même pas à obtenir un rendez-vous avec sa banque, et pourtant ce dernier a toujours la cote auprès des particuliers.

L’explication de cet engouement des stratèges d’entreprise pour le crowdfunding

Elle tient sans doute dans un seul mot : la sécurité. C’est ainsi que NVH compte abaisser le capital de David Vandroux de 80 % à 73 %, et fera entrer les nouveaux associés dans une structure de pacte minoritaire. Ce dispositif permet aux dirigeants de diminuer les risques tendus par les loups des places financières, et de conserver le contrôle de leur entreprise.

Car dans ce cadre ils n’empruntent pas de l’argent aux particuliers, mais les font rentrer au capital ce qui leur permet d’éviter le paiement de mensualités, et de concentrer les moyens récoltés à la réalisation du projet.

Le Crowdfunding sert à financer l’économie régionale


Une réunion particulièrement intéressante s’est tenue à Montpellier à la mi-janvier. Elle réunissait des entreprises régionales et des acteurs de l’emploi et de l’économie. Tous sont tombés d’accord : les initiatives de financement participatif se multiplient, et sont particulièrement bien accueillies par les investisseurs habitant la région.

Parmi les nouveaux venus ont peut citer MywinTPE et Raizers.com, particulièrement dédiés aux entreprises. La 2e a plutôt bien réussi son entrée en matière, en levant 320 000 € pour un éditeur d’applications liées à l’industrie du vin, Tagawine. Les 2 plates-formes proposent aux internautes d’entrer dans le capital de start-ups, pour espérer un retour sur investissement une fois le projet à maturité.

financement participatif

Aujourd’hui le participant moyen est un déçu des banques. Il habite généralement en zone urbaine, et ne fait pas partie des catégories socioprofessionnelles élevées. Il dispose généralement d’une épargne de 10 000 €, et a commencé avec le don. Il est d’ailleurs beaucoup plus porté sur les projets innovants, ceux qui font fuir les banquiers.

Avec ses congénères il a réussi à réunir près de 150 millions d’euros l’année dernière, selon les chiffres procurés par la plate-forme Anaxago. Il sera d’ailleurs rejoint par d’autres adeptes cette année, car un Français sur 2 a déjà entendu parler du crowdfunding.

Le modèle du don de foule est-il menacé ?

Né aux États-Unis, le financement participatif est arrivé en Europe sous sa forme juvénile. Outre-Atlantique il a déjà évolué, notamment avec l’entrée en bourse de la plate-forme Lending Club et ses 870 millions de dollars levés en quelques heures. Certains ont d’ailleurs fait part de leurs craintes, lors des deuxièmes Assises du financement participatif qui se sont tenues le 11 décembre à Bercy, sous l’égide du ministre de l’économie M. Emmanuel Macron.

Et pourtant le modèle caritatif est toujours bien enraciné dans les mentalités. La plate-forme KissKissBankBank affiche une insolente santé, avec pas moins de 25 959 476 € de récoltés en l’espace de 4 ans, grâce à la participation de 483 098 adhérents. Les projets ont un aspect culturel, on ne compte plus les films et les livres qui ont ainsi été financés. Même son de cloche du côté de chez Ulule, qui propose de récompenser les donataires par des gestes.

On apprend ainsi que le créateur de la bière de la Goutte d’Or à Paris, a réussi à lever 7500 € pour acheter le matériel nécessaire, et obtenir un prêt bancaire. Les participants seront récompensés par quelques bonnes bières bien fraîches et beaucoup de bonheur.


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